Chapitre 2

Affolée, la vendeuse de billets sortit avec les enfants par une petite porte, courut jusqu'au téléphone qui se trouvait dans son étroite cabine et alerta la police.
Sur le chemin, les enfants remarquèrent des traces de sang sur la porte, certainement laissées par le tueur. Léa trouva aussi un bouton doré qui était par terre ; elle le mit dans la poche, discrètement en attendant de le montrer à ses amis.
En quelques minutes, les policiers étaient sur les lieux. Ils bouclèrent le périmètre ; personne n'avait le droit de dépasser les bandes qui entouraient le train fantôme sauf la police.
Tous les enquêteurs firent plusieurs fois le tour du manège, entrant et sortant, en espérant trouver des indices. Ils ne trouvèrent rien d'autre que les traces de sang sur la porte.
Tout à coup la vendeuse de billets, devenue aimable et sympathique, s'approcha des enfants restés sur les lieux du crime et les prit par les épaules pour les amener jusqu'aux policiers. L'un d'entre eux, un homme corpulent, le commissaire Hasseck s'adressa à eux :
- Qu'avez-vous entendu au moment du crime ?
- Nous avons entendu des cris stridents qui ont retenti dans tout le manège et qui nous ont glacé le sang mais au début on croyait que ça faisait partie du train fantôme, répondit Corentin.
- Dans quelle salle étiez-vous quand vous avez entendu les cris ?
- Nous étions dans la salle des araignées géantes.
- Quels étaient les passagers devant vous ?
- Oh ! C'était juste Simone une vieille amie, mais elle ne ferait pas de mal à une mouche.
- Savez-vous où elle habite, ou alors où on pourrait la rencontrer ? Mais c'est juste pour lui poser quelques questions.
- Non ! On ne la voit plus maintenant.
Ils ne dirent pas qu'ils avaient connu Simone dans le square où ils allaient souvent jouer et qu'elle y promenait souvent son petit chien, un caniche. Comme Léa adore les chiens, ils avaient sympathisé. - Et y avait-il quelqu'un d'autre avec elle ?
- Oui, un monsieur qui avait l'air un peu bizarre. Il avait des yeux globuleux et il n'arrêtait pas de tirer la langue jusqu'au menton, dit Léa avec un air dégoûté.
A ce moment, les enfants virent sortirent une espèce de sac en plastique fermé par une fermeture éclair comme on en voit dans les films à la télévision. Ils comprirent qu'on amenait le corps du pauvre monsieur Chimodegoïl chez le médecin légiste.
Après cet interrogatoire, les enfants repartirent chez eux avec leurs parents qui avaient été prévenus et qui étaient arrivés tout tremblants. " Beaucoup plus impressionnés que leurs rejetons " avait dit un policier en les voyant repartir.
Avant de se quitter, ils se mirent d'accord pour manger ensemble tous les trois le lendemain chez Kévin.
Le lendemain matin, mercredi, ils se retrouvèrent devant l'école, mais à peine étaient-ils entrés, qu'un surveillant leur dit de se rendre chez la directrice. Elle les avait convoqués dans son bureau. Les enfants étonnés se demandaient bien pourquoi. Ils entrèrent dans la salle :
- Bonjour, les enfants.
- Bonjour, Madame la Directrice.
- Je vous ai convoqués dans mon bureau pour une raison particulière : vos parents m'ont prévenue de la terrible soirée que vous avez passée. Pour éviter de perturber vos camarades, je préfèrerais que vous n'en parliez pas. Officiellement, monsieur Chimodegoïl est malade.
- Oui madame.
- Très bien, vous pouvez sortir, bonne journée.
Une fois retournés dans leur classe, ils travaillèrent comme d'habitude. Mais dès la sortie, ils décidèrent de retourner sur les lieux du crime. Sur le chemin, ils rencontrèrent Simone.
- Bonjour Simone.
- Bonjour les enfants, dit Simone visiblement un peu gênée. Puis après un silence, elle reprit, la police vous a interrogés ?
- Oui.
- Qu'avez-vous raconté ?
- Nous leur avons dit que nous te connaissons mais qu'on ne savait pas où tu habitais et que de toute façon tu ne ferais pas de mal à une mouche.
- Merci les enfants, c'est gentil.
- Oh, Simone, tu as perdu un bouton de ton gilet, remarqua Léa.
- C'est sûrement le chien qui me l'a arraché, tu sais il est toujours à me sauter dessus. - Simone que s'est-il passé, hier ?
- Je suis montée dans le wagon après avoir discuté avec un homme un peu étrange, un certain Jean-Marie ; nous n'avons pas eu trop le temps de parler parce que le manège commençait. Nous sommes passés dans plusieurs salles et tout à coup dans la salle de chirurgie, j'ai vu une ombre, un homme je pense, se jeter sur l'employé qui faisait le docteur Frankenstein. Il l'a frappé avec un objet. Alors, j'ai crié et il s'est enfui par une porte. Quand j'ai vu le sang, moi aussi, je me suis sauvée.
- Mais Simone as-tu vu l'assassin ?
Simone ne répondit pas et au bord des larmes, elle partit à toutes jambes.
- Drôle de réaction, dit Kévin.
- Vous avez vu les boutons de son gilet, ils sont identiques à celui que nous avons trouvé dans le train fantôme, dit Léa. Vous croyez que c'est elle la coupable ?
- Je ne sais pas, mais il y a beaucoup de soupçons contre elle, répondit Corentin.
Les enfants poursuivirent leur chemin tout en se demandant ce que monsieur Chimodegoïl faisait dans le train fantôme et pourquoi on l'avait sauvagement tué. Arrivés sur les lieux du crime, tandis que Kévin interrogeait discrètement la vendeuse de billets, Léa et Corentin inspectaient les alentours. Puis comme ils ne trouvaient rien, Léa se mit à jouer avec un petit chien et Corentin se mit à feuilleter un journal qui traînait sur un banc.
Tout se précipita alors !
Kévin vint rejoindre Corentin alors que Léa arrivait en courant.
- Je sais pourquoi Monsieur Chimodegoïl était dans le train fantôme ! Un employé était malade et il l'a remplacé pour rendre service au propriétaire du train fantôme qui est un ami à lui.
- Regardez c'est intéressant, dans le journal, ils parlent de l'évasion d'un malade mental.
- Et alors ?
- Alors, il s'appelle Jean-Marie Duval. Est-ce que ça vous intéresse davantage ?
- Ah, là oui ! Fais voir, répondirent les deux autres amis en même temps.
- Dommage qu'il n'y ait pas une photo, ajouta Kévin.
- Eh bien, moi, je crois que j'ai fait une découverte qui va vous couper le souffle, dit Léa et elle attendit.
- Alors raconte ! s'écrièrent les deux autres enfants impatients.
- Venez voir plutôt.
Et Léa se dirigea vers la niche du chien suivie de ses deux camarades.
Arrivée devant la niche, d'un geste théâtral, elle leur indiqua l'intérieur de la niche en s'exclamant " Regardez ! "
Au fond de la niche, il y avait un tas d'objets, que sans doute le chien ramenait là et au milieu d'eux un chandelier couvert de sang qui ressemblait à ceux qu'on pouvait voir dans le train fantôme. Kévin et Corentin n'en croyaient pas leurs yeux, Cela pouvait-il être l'arme du crime ?
Tous les trois en étaient convaincus.
Corentin se mit torse nu, enroula le chandelier dans son tee-shirt, le mit soigneusement dans son cartable puis se rhabilla. Léa, en sentant l'odeur du sang, se sentit mal et trouva une excuse pour quitter les lieux au plus vite.
- Allons-y, il est l'heure.
- Mais pourquoi ?
- Parce que les parents vont s'inquiéter et vont nous demander des explications.
Excités par leur découverte, ils se mirent en route, mais arrivés en bas du bâtiment de Kévin, ils aperçurent son père qui les attendait et il n'avait vraiment pas l'air de bonne humeur.
- Où étiez-vous ? demanda le père de Kévin
Les enfants ne répondirent pas.
- Vous avez vu l'heure qu'il est ? Vous sortez à midi de l'école… Deux heures vingt pour rentrer !
Cela fait un peu beaucoup, même en discutant, surtout avec ce qui s'est passé hier.
- Nous étions à la fête foraine.
- Quoi ? Vous vous moquez de moi ! Tu seras privé de sortie pendant deux semaines. Quant à vous, ne vous inquiétez pas vos parents seront mis au courant.