chapitre 3

Dans leur chambre, prisonniers, ils complotaient avec leurs talkies-walkies, chacun appelant l'autre.
Corentin se souvint qu'il avait emprunté le chandelier dans la niche.
- On pourrait le faire renifler au " sac à puces " de la vendeuse de billets.
- On va l'attirer par du chocolat.
- On se rejoindra devant le supermarché vers 21h.
Corentin sortit par la fenêtre car sa porte était fermée et qu'il ne savait où étaient les clés. Kévin, lui, ouvrit la porte d'entrée et s'en alla vers le point de rendez-vous.
Quant à Léa, elle n'avait pas d'idée, sa chambre était à l'étage, elle ne voulut pas sauter. Corentin passant par là, lui amena un vieil escabeau qui traînait dans le coin pour qu'elle puisse descendre. En désescaladant, la fillette glissa et le fit tomber. Elle s'accrocha au rebord de la fenêtre. Corentin, toujours prêt à l'aider, lui remit l'échelle en place. Léa finit de descendre :
- Sans toi, je serai un oiseau coincé sur son perchoir.
Les deux complices s'enfuirent dans la nuit, ils étaient à l'heure au rendez-vous.
Cette fois là, Kévin était en retard mais il avait pris une laisse. Ils se dirigèrent ensuite vers le champ de foire.
Arrivés sur les lieux, les trois enquêteurs prirent le caniche de la propriétaire du manège. Ils firent le tour des attractions.
- Si on inspectait la grande roue ? proposa Léa.
Ils y allèrent mais J-M n'y était pas. Le chien fit une halte pour satisfaire un besoin naturel. Lorsqu'il eut fini, sa maîtresse l'appela et il disparut. Les enfants étaient gênés par la fuite du chien.
Kévin s'écria : " Les scélérats retournent toujours sur les lieux de leur crime ! Retournons au train fantôme !"
En passant devant le stand de barbe à papa, ils remarquèrent au sol une lumière qui éclairait faiblement. Ils rentrèrent et virent un homme, au fond de la cabane, en train de manger une substance rosâtre.
On aurait dit un revenant. L'homme était recroquevillé sur lui même. Les cheveux poivre et sel, il avait les yeux exorbités. On aurait pu croire à première vue un homme d'une cinquantaine d'années. Une longue barbe pendait sur son menton crochu, ses habits étaient lacérés, sales et boueux. Le meurtrier était bien ce malade mental qui venait de s'échapper de l'hôpital psychiatrique.
- Hou la la ! J'ai peur ! chuchota Corentin à l'oreille de Léa qui regardait J-M avec effroi.
- Fuyons ! proposa Corentin.
- Non, il nous faut des aveux, s'entêta Léa.
- Il ne faut pas avoir peur, les garçons, je vais vous avouer un secret, révéla J-M. C'est moi qui ai tué. J'avais décidé de m'évader. Dans le train fantôme, un médecin a voulu m'attraper, j'ai fait tourner la tête à Simone en lui disant : Regardez ce spectre, il est terrifiant ! J'ai bondi du wagon, j'ai pris un chandelier accroché dans le décor et j'ai frappé. Je l'ai battu à mort. Ce médecin voulait m'attraper. Quand je vois un psychiatre, je pique toujours une crise de folie.
- Ben nous, on y va ! dirent Kévin et Léa en chœur.
- Vous voulez partir, c'est trop tard ! Maintenant que vous savez tout, je vais vous abattre sinon vous allez répéter ceci à la police. Je n'ai aucune envie de me livrer à eux, encore moins dénoncé par des gamins de dix ans.
J-M avait fermé la porte et bloquait les issues. Il menaçait les trois enfants. Les deux garçons, effarouchés se précipitèrent sous une table pour se cacher. L'homme furieux prit Léa par les couettes et la fit pivoter en l'air comme un lasso puis la jeta au sol. Il fondit ensuite sur Corentin et le balança la tête la première sur la table de la cabane. Enfin il attrapa Kévin, sortit et monta sur le toit. J-M le tenait au dessus du vide, il était prêt à le lâcher quand, soudain, ils entendirent : " Dolly ! Dolly ! Attends "