chapitre 4

Non loin de là, une vieille dame, emmitouflée dans un ample châle tricoté d'une laine épaisse, coiffée d'un chignon gris, marchait rapidement en appelant :
" Dolly !Dolly ! "
Un petit chihuahua courait devant elle. Il poursuivait avec acharnement un chat de gouttière attiré par l'odeur du stand de barbe à papa.
La petite dame courait tant bien que mal à la suite de son chien. Hors d'haleine, elle s'arrêta pour reprendre son souffle. Elle se trouvait devant le stand de barbe à papa et entendit des cris d'enfants. Guidée par les voix, elle leva les yeux et vit un homme qui menaçait un enfant au-dessus du vide. Paniquée, elle cria d'une voix stridente :
- Oh, mon dieu, que faites-vous ? Mais… Mais vous allez le tuer !!!
En entendant cette voix, des souvenirs lui revinrent en mémoire et J-M resta pétrifié :
- Ahhhh ! Madame Delacour, balbutia J-M.
- Oui, bredouilla-t-elle. Comment connaissez-vous mon nom ?
- Vous ne vous souvenez pas ? Vous étiez mon professeur de math au collège " Les Chênes ", à Aix-en-Provence, en 1985.
- Collège " Les Chênes ", Aix-en-Provence, 1985, oui, ça me dit quelque chose, murmura-t-elle.
- 5ème7, J-M, Jean-Marie Duval.
- Ah, oui, Jean-Marie Duval, un petit garçon bien bavard mais gentil, ça y est, ça me revient maintenant. Pourrais-tu poser cet enfant à terre, s'il te plaît ?
- Si je le pose à terre, je vais retourner à l'asile.
- Tu préfères la prison et avoir un mort sur ta conscience ?
- Pas un, mais deux.
- Comment, deux ?
- C'est une longue histoire.
- Eh bien, pose-le et raconte-moi.
J-M hésita encore un petit moment, remonta Kévin près de lui, sur le toit et l'aida à se redresser sur ses pieds.
- Vas-y, je t'écoute J-M. Quant à toi, mon garçon, avec tes camarades, rentrez vite chez vous, racontez tout à vos parents. Nous attendrons la police tranquillement.
J-M s'assit, la tête dans ses mains, et se mit à raconter…