Fin
Comme ils en avaient décidé, les deux détectives commencèrent par la perquisition du domicile de M. Beltromp ; ils se rendraient ensuite à l'école pour voir si Madame Lacraie avait eu des nouvelles du maire disparu. Ce dernier habitait une grande maison située à côté de l'école ; cette villa, toute en pierre, avait un magnifique toit en ardoise et était entourée d'un immense jardin dont l'herbe était toute piétinée. La boîte aux lettres était un grand arbre dans lequel un trou avait été fait. Ce n'était alors qu'une simple formalité pour le facteur (le père d'Omo) que de déposer le courrier dans cette boîte aux lettres si spéciale (le facteur faisait l'admiration de tous tant il était agile pour grimper aux arbres). Un gigantesque paillasson trônait devant la porte d'entrée ; quant à la sonnette, c'était une grosse tête d'éléphant et, quand on tirait sur la trompe, le cri de l'éléphant se déclenchait aussitôt. Gruyair et Raklett entrèrent dans la maison. Ils furent surpris par la décoration intérieure : accrochés au mur, de nombreux tableaux représentaient des paysages hawaïens ; sur la grande cheminée se trouvaient des petites statuettes qui se mettaient en mouvement dès qu'on les touchait. Gruyair prit la parole : " - Nous allons nous répartir les tâches de la façon suivante : toi, tu vas aller fouiller le bureau à la recherche du moindre indice tandis que moi, je vais inspecter tout le bas de la maison. " Raklett trouva de suite le journal intime de M. Beltromp et s'empressa de l'ouvrir. Elle le regarda attentivement et sourit à la vue des nombreuses photos de sa chère et tendre. Elle alla rejoindre Gruyair et lui expliqua que le maître avait sûrement disparu pour raison amoureuse. Gruyair en était lui aussi arrivé à la même conclusion et montra à sa coéquipière ce qu'il avait trouvé. " - Regarde cette lettre d'amour qu'il y avait sur la table de la salle à manger. " Gruyair lut la lettre :
Mon amour,
Je suis impatiente que tu me rejoignes à Hawaï. Que le temps passe lentement sans toi ! Tu me manques. Je t'ai acheté une planche de surf avec des flammes rouges ainsi que ton plat préféré accompagné de beignets au sucre. Viens vite, je n'en peux plus. Ta chère Trompette qui t'aime toujours autant.

Les deux souris conclurent qu'elles s'étaient fait beaucoup de souci pour rien, qu'elles avaient remué ciel et terre pour retrouver M. Beltromp, et qu'en définitive, ce dernier roucoulait tranquillement au soleil avec son amoureuse, mademoiselle Trompette. Gruyair ajouta : " - Cette enquête nous aura quand même permis d'arrêter trois braconniers ainsi que de venir en aide aux animaux du cirque. Ne regrettons absolument pas ce que nous avons fait. " Gruyair et Raklett quittèrent ensuite la maison de M. Beltromp et se rendirent comme prévu à l'école. Ils trouvèrent les élèves totalement surexcités. " - Que se passe-t-il ? ", demandèrent en chœur les deux souris. Madame Lacraie n'eut même pas le temps de répondre que Rayure s'écria : " - Notre maître n'a pas disparu ! - Comment l'avez-vous appris ? " , demanda Raklett. C'est à ce moment-là que la maîtresse fit asseoir les deux enquêteurs et leur raconta tout. Vers dix heures, Madame Lacraie était allée relever le courrier comme à son habitude et c'est là qu'elle avait vu une lettre en provenance d'Hawaï destinée aux élèves. La girafe, qui n'était que remplaçante, avait posé la lettre sur son bureau et avait préféré attendre la fin de la récréation pour en parler aux élèves. Elle avait donc sonné la cloche et expliqué aux enfants qu'ils avaient reçu une lettre. C'est Coco qui avait été choisi pour ouvrir l'enveloppe. Coco était en effet le plus âgé de la classe et il excellait en lecture à haute voix. Quand le perroquet avait ouvert l'enveloppe, il avait été surpris de découvrir une magnifique carte postale en provenance d'Hawaï et représentant un éléphant se prélassant dans un hamac. Coco avait lu la lettre :
Chers élèves,
Je suis à Hawaï avec mon amoureuse, mademoiselle Trompette. Je suis désolé de ne pas vous avoir prévenu, mais l'amour était plus fort que tout. J'espère que vous allez bien et que vous êtes sages avec la personne qui me remplace. Moi, tout va bien, les paysages sont vraiment superbes, l'eau est d'un bleu clair magnifique et elle est très chaude. Je ne me lasse pas des couchers de soleil. Je serai de retour pour la rentrée de septembre et je vous réserve une bonne surprise. Je vous quitte du stylo mais pas du cœur. Monsieur Beltromp, votre maître adoré.

Madame Lacraie expliqua qu'aussitôt la lecture terminée, les élèves avaient laissé éclater leur joie : " - Super, hourra !, notre maître n'est pas mort ! Il n'a pas disparu ! ", s'était écriée Paulitik. La girafe raconta aux deux détectives que les enfants avaient vraiment été bouleversés par la disparition de leur maître et que beaucoup d'entre eux faisaient depuis des cauchemars et étaient très perturbés. La carte postale représentait donc la fin des soucis. Une fois l'excitation un peu retombée, les élèves s'étaient mis ensuite à évoquer la surprise dont parlait l'éléphant dans sa lettre. Les deux enquêteurs remercièrent Madame Lacraie pour son récit et expliquèrent à la classe qu'ils avaient découvert eux aussi que M. Beltromp avait disparu pour raison amoureuse. Puis Gruyair et Raklett partirent rejoindre leur commissariat pour boucler leur enquête (enfin une qui se terminait bien !). Avant de partir, ils souhaitèrent bonne chance à la girafe car ils savaient pertinemment qu'elle aurait bien du mal à faire travailler ses élèves après toutes ces émotions. Trois mois plus tard… Le grand jour était arrivé : M. Beltromp était enfin de retour d'Hawaï. Tous les habitants d'Écolocity allèrent l'attendre à l'aéroport Cerf-Volant de la ville voisine. Ne manquaient à l'appel que deux habitants, M. Piplette et Mme Commère, qui étaient encore et toujours sur leur banc en train de commenter La Gazette. " - Ça y est, l'avion d'Hawaï est là ! ", s'écria Pollux. M. Beltromp descendit de l'appareil avec Melle Trompette. Les deux tourtereaux se tenaient la main amoureusement. " - Bonjour les enfants, je ne vous ai pas trop manqué ? - Si, beaucoup même ! ", répondirent en chœur les élèves. Madame Lacraie arriva en courant et s'exclama : " - Bonjour M. Beltromp, comme vous êtes bronzé ! " Celui-ci présenta ensuite sa fiancée à la troupe entière. " - Qu'est-ce qu'elle est jolie ! ", s'écria Omo émerveillé. " - Comment vous êtes-vous rencontrés ? questionna Beethoven. - Par Internet, sur le site www.amour-delephant.com. Elle m'a envoyé sa photo et je suis de suite tombé sous le charme. J'ai alors décidé de me rendre le plus rapidement possible à Hawaï. " Les élèves remercièrent leur maître pour sa carte, et lui demandèrent quelle surprise leur réservait-il. " - J'attendais cette question. Nous allons bientôt nous marier ", annonça M. Beltromp. Les élèves sautèrent de joie et se mirent à courir partout dans l'aéroport. Garfield, qui pour une fois ne dormait pas, interrogea le maître : " - Connaissez-vous la dernière nouvelle ? " Porky répondit si vite que le maître n'eut même pas le temps de réagir : " - Les braconniers ont été arrêtés, je ne risque plus rien, mes parents m'ont réinscrit à l'école d'Écolocity et je suis super content de retrouver tous mes amis. - Quelle bonne surprise ! " s'exclama M. Beltromp. Tout le monde quitta l'aéroport et les deux amoureux invitèrent l'assemblée à prendre l'apéritif sur la place du village. Chaque personne apporta quelque chose et notamment des fruits secs et du fromage pour les deux détectives. M. Beltromp raconta en détail tout son voyage. À 20h chacun rentra chez soi, les élèves devaient se coucher de bonne heure car la rentrée des classes avait lieu le lendemain. Trois semaines plus tard… Le samedi 25 septembre, Écolocity était en pleine effervescence : M. Beltromp et mademoiselle Trompette allaient unir leurs destinées. Tout le village avait participé aux préparatifs de la fête. Le jour de la cérémonie, les habitants avaient revêtu leurs plus beaux habits. Trompette portait une magnifique robe blanche avec une traîne en voile et en dentelle. Ses boucles d'oreilles rouges étaient admirées de tous. M. Beltromp, quant à lui, portait un costume beige avec un nœud papillon rouge. Une rose rouge dépassait de sa poche. La mairie étant beaucoup trop petite pour accueillir tous les invités, on sortit le bureau du maire et la cérémonie se déroula sur la place du village. Une heure après, toute l'assemblée se retrouva à l'église. Cette dernière était un monument très imposant avec des vitraux magnifiques. Tout le monde prit place sur les bancs et Garfield s'endormit aussitôt. Lorsque les deux mariés pénétrèrent dans l'église, tout le monde se leva. Paulitik et Biscott, qui portaient une robe blanche avec des petites roses rouges, avaient été naturellement choisies comme demoiselles d'honneur par M. Beltromp et sa femme puisqu'elles étaient les deux seules filles de la classe. Quant à Rayure et Panaché, ils avaient été choisis pour apporter les deux énormes alliances et ils n'étaient pas peu fiers de cet honneur. Ces deux élèves étaient superbes dans leur costume bleu marine ; une petite rose blanche sortait de leur poche. Le prêtre était une girafe, Monsieur Longcou. Les deux amoureux avaient naturellement pensé à mademoiselle Farfouillette, photographe professionnelle, pour immortaliser ce qui devait être l'un des plus beaux jours de leur vie. Beethoven montrait toute l'étendue de ses talents au piano. Une fois la cérémonie terminée, tous les invités jetèrent des pétales de roses ainsi que du riz sur les mariés qui n'arrêtaient pas de s'embrasser sur les marches de l'église. Les deux éléphants furent acclamés. Seule Madame Beltromp (la mère de M. Beltromp) faisait son originale : elle, si maniaque, tenait un balai dans les mains et passait son temps à ramasser les pétales et le riz. Après la célébration du mariage, tout le monde rejoignit le restaurant du village pour un succulent repas. Ce fut un moment inoubliable, plein d'émotion. À la fin du repas, M. Beltromp prit un micro et annonça aux invités : " - Avec mon épouse adorée, nous attendons un heureux événement dans une vingtaine de mois. " Tout le monde applaudit. La fête dura toute la nuit. Gruyair et Raklett n'avaient pas eu souvent l'occasion de mener une enquête qui se terminait aussi bien.
FIN